Maison populaire de Montreuil

Flavien Théry présentera son nouveau projet : Black Hole

L’installation donne à voir un volume d’air diffusant une lumière bleue, telle une portion de ciel qui aurait été mise en boite. Au sein de cet espace évolue une singularité, une sorte d’absence, comme une ombre cachée au coeur même de la lumière. Ce trou mouvant ne se dévoile que lorsque nous nous trouvons dans l’axe de son ouverture, à l’instant précis où il semble nous fixer, induisant en retour une aspiration de notre propre vision. Mais à cet aveuglement correspond une révélation, comme si notre regard devenait soudain capable de percer le voile de l’atmosphère, cette illusion qui berce nos jours en dissimulant l’abîme d’une nuit sans fin.

Vernissage lundi 4 mai 2015 à partir de 18h.

Maison Populaire – 9 bis rue Dombasle – 93100 Montreuil – 01 42 87 08 68 – ( M° Mairie de Montreuil )

Le centre d’art est ouvert
 du lundi au vendredi de 10 heures à 21 heures, le samedi de 10 heures à 16 heures 30. Fermé les dimanches, jours fériés et vacances scolaires.

www.maisonpop.fr

Communiqué :

Les genres, en peinture, réémergent au gré des inventions qui parcourent l’histoire de l’art au même titre que les pratiques se réactivent à la moindre des innovations. Sans omettre les révolutions industrielles, allant de la machine à vapeur aux technologies de l’information, qui façonnent le monde à l’image des progrès se succédant. Quand les sujets s’entremêlent aux outils dans l’usage des médias. Du moteur émerge le mouvement dans l’art, de son contrôle le néo-cinétisme et l’on pense ici inévitablement au travail, dans la plus extrême des lenteurs, de l’artiste vénézuélien Elias Crespin. Dans son étrange rapport à la réalité, la photographie réinvente les formes artistiques qui lui sont adjacentes. Les auteurs disparaissent au profit de dispositifs entièrement automatisés, mais les sujets toujours persistent. C’est ainsi que la vision de Caroline Delieutraz, au travers de l’usage de Google Street View, fusionne avec celle du photographe Raymond Depardon. Car les points de vue, qui s’élèvent ou s’abaissent selon les périodes historiques, sont aujourd’hui machiniques sans que les usages ou pratiques n’aient pour autant perdu quoi que ce soit d’une humanité tout simplement déplacée.

Lorsqu’elles émergent, les techniques ou technologies font tendance, mais elles finissent généralement par se fondre dans un art contemporain que l’on ne saurait reformuler qu’avec des « néo » ou des « post » tant il se fragmente de l’intérieur comme à sa périphérie, aux frontières des pratiques amateurs. Et il y a l’expérience de l’oeuvre sans cesse réinventée par le medium numérique que chacun s’approprie à sa manière. Le recyclage est une forme d’appropriation dont les résultats varient selon les objets, Hightech d’hier, donc Low-tech aujourd’hui, tout en établissant des cycles que les phases de numérisation du monde stratifient. Or, il est des artistes comme Benjamin Gaulon qui, tels de véritables archéologues des médias extirpent les objets des tendances d’hier de nos déchets qui se sont aussi numérisés pour leur insuffler quelques « coefficients d’art ». Quand des expérimentations naissent des accidents dont les artistes se saisissent en acceptant la part d’aléatoire dont ils sont véritablement les auteurs au travers de codes ou d’algorithmes qui, toujours, s’émancipent de leur contrôle pour faire oeuvre. Il y a, à ce propos, une forme de “lâcher prise” chez les artistes qui, à l’instar de Pascal Dombis, savent apprécier justement les conséquences inattendues des aléas d’une computation des machines.

S’il y avait une tendance numérique de l’art, ce ne serait que l’une des composantes du corpus historique beaucoup plus englobant associant l’art et la science. Un corpus que l’artiste française ORLAN investit lorsqu’elle réactualise le thème de l’écorché en peinture. Alors que les toiles de Pascal Haudressy sont augmentées de quelques ombres qui les théâtralisent.

Du cinéma expérimental il est aussi question dans cette exposition où les séquences filmiques de Jacques Perconte, littéralement, se liquéfient dans la durée de leur lecture. S’il était une tendance numérique de l’art, elle s’inscrirait dans la continuité des expérimentations de Nam Jun Paik qui se serait, sans aucun doute, saisi de la technologie des écrans LCD comme le fait aujourd’hui Flavien Thery pour générer des images qui s’extraient de toutes les trames en sortant du cadre pour éprouver le regard des spectateurs. Enfin, si le numérique avait été une tendance de l’art, il ne serait plus, à l’ère de son usage par toutes et tous, que le médium par excellence des artistes de la génération de Cory Arcangel. Cet Américain qui oeuvre à la reconnaissance des usages comme des cultures numériques dans les grandes institutions, à l’international, du monde de l’art contemporain. Quand des collectionneurs d’une même génération, citons Hampus Lindwall parmi ceux-ci, savent mesurer les conséquences de la fusion du numérique dans l’art au travers, notamment, de la réémergence de pratiques historiques que le contexte de nos sociétés contemporaines suffit à réactualiser.

Dominique Moulon.

Dossier de presse

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